De Comodoro Rivadavia à la forêt pétrifiée

Nous rejoignons à nouveau la ruta 3, longue route qui traverse la Patagonie côté atlantique du Nord au Sud… Nous nous dirigeons vers Comodoro Rivadavia, grande ville connue surtout pour le pétrole qui la fait vivre. Les abords de la ville sont très peu attrayants : on a l’impression que des quartiers champignons ont poussé ça et là de bric et de broc, au milieu de terrains arides jonchés de détritus, de derricks (puits de pétrole !) et des réservoirs d’or noir… La traversée de la ville sur la Ruta 3 est longue et pénible : la circulation est dense, et la ville paraît sale et poussiéreuse et ne nous donne pas du tout envie de faire escale mais nous n’avons pas le choix. Les pépins mécaniques nécessitent réparation.

Après 3 jours de garages divers, Rainbow est prêt pour de nouvelles aventures. Nous quittons enfin Comodoro Rivadavia dans la soirée. Il est tard mais si l’on peut éviter de dormir ici une nuit de plus. Vite, de la nature ! !!!!!

Peu après Comodoro Rivadavia, nous changeons de province et nous passons du Chubut à la dernière province de Patagonie, le Santa Cruz. La petite 100 aine de kilomètres qui sépare Comodoro Rivadavia de Caleta Olivia est dans un état désastreux : Par endroits, on atteint péniblement les 50km/h afin d’éviter les ornières et les énormes et nombreux nids de poules de la route. Ce qui est consternant, c’est qu’à un mètre de cette route en lambeaux, est construit une nouvelle route en parfait état qu’ils n’ont pas encore jugé bon de mettre en fonctionnement.  En Argentine, il faut savoir que comme ce n’est pas l’espace qui manque, en général, on ne répare pas les routes, on en reconstruit une autre juste à côté. C’est ainsi que plusieurs fois, nous avons pris des nids de poules bien costauds ….sur l’autoroute. 
La route, malgré son piteux état est cependant plutôt jolie et surplombe la mer par endroits. 

Après s’être perdus dans les rues poussiéreuses de Caleta Olivia (merci maps me), nous bivouaquons pour la nuit près des lions de mer qui ont élu domicile à deux kilomètres de la sortie de la ville.

Le lendemain, nous passons les saluer. Ici, les jeunes lions de mer sont plus nombreux et le groupe de femelles plus important. Nous passons un peu de temps assis sur la plage à les observer. On aura même l’occasion de faire une leçon de sciences naturelles sur la chaîne alimentaire en observant un grand Pétrel se repaître du cadavre d’un jeune lion de mer.

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Nous reprenons la route et arrivons dans l’après-midi à Puerto Deseado. Puerto Deseado est une ville et un port de pêche situés dans l’estuaire du rio Deseado. Charles Darwin y a fait un séjour en 1833 au cours de son tour du monde sur le HMS Beagle
L’arrivée vallonnée sur cette ville portuaire nous plaît tout de suite. La nature présente aux alentours est pleine de charme.

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Nous nous rendons directement chez Darwin Expédition afin de réserver notre visite de demain en bâteau pour l’île des pinguins. Les Madilou sont déjà là. Le temps de demain est censé être clément et il y a de la place. Les savoyards et Eric et sa femme seront également de la partie. Nous ferons route tous ensemble avec un couple d’argentins. On sera 12, presque en famille…. 
Nous faisons la connaissance de Roxana et Ricardo, notre guide et notre capitaine pour la sortie. 
Une fantastique rencontre. Ces deux personnes sont de véritables passionnés, dotés d’une générosité et d’une gentillesse à toute épreuve. En plus, elle, parle très bien français. 
Afin de préparer les enfants à la sortie, Ils nous passent un documentaire en français sur les pingouins à visionner avant la sortie. 

Nous partons nous balader avec Madilou dans un canyon proche de Puerto Deseado. L’endroit est très beau et les enfants se défoulent comme jamais avec leur copine Louna. 

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Entre l’escalade et la bouillasse, c’était le paradis. Un peu moins pour nous au moment de rentrer dans le camping-car.
Le soir, visionnage du documentaire. Les enfants ont hâte de partir à la rencontre des gorfous sauteurs. 

Nous nous installons en bordure de l’estuaire pour la nuit en espérant que le vent ne soufflera pas trop.

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Depuis plusieurs jours, le vent ne nous quitte que très rarement et semble monter en intensité au fur et à mesure que l’on descend la Patagonie. Il y a même une nuit à Comodoro où on s’est pris des rafales à 110 km/h. On ne faisait pas les malins. Le camping-car se balançait parfois fortement et pourtant on était un peu à l’abri. Ce qui ne nous a pas rassuré, c’est quand l’employé du garage a dit à Franck que là ce n’était rien et que le vent pouvait parfois souffler avec beaucoup plus d’intensité. Finalement la nuit sera plutôt calme.

Le lendemain matin, lever difficile pour les enfants. Nous avons rendez-vous à 7h50 devant l’agence Darwin expédition. Roxana nous dit que l’on va avoir des conditions idéales. Pas un poil de vent, grand soleil, une mer d’huile et on est à marée haute. 

Dès le début de la traversée, la journée s’annonce bien. Notre embarcation est rapidement rejointe par nos petits dauphins de Commerson ainsi que par un dauphin austral qui bondissent allègrement dans les vagues du bateau.

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40 minutes plus tard, nous nous approchons de l’île et apercevons la colonie de lions de mer qui prend placidement son bain de soleil sur les rochers. Lisa se bouche le nez. Quand on approche d’une colonie de lions de mer, ça se sent et ça s’entend.

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Nous débarquons sur l’île des pingouins en file indienne et en escaladant les rochers. Par mer un peu agitée, ça doit être sportif. 

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Ici, la présence de l’homme est quasiment inexistante à part les restes d’un phare, d’une tourelle et d’une petite cabane. Seules deux ou trois agences sont autorisées à fouler cette réserve naturelle. Ici, c’est le territoire des pingouins et des gorfous.
Nous commençons notre balade sur l’île en traversant la colonie de manchots de Magellan. Ils sont majoritairement en pleine couvaison.

Pour la première fois, nous voyons bien leurs œufs car ici, il y a très peu de manchots qui ont pu creuser un terrier, l’île étant en quelque sorte un gros rocher. Les nids sont surtout préparés à même le sol. Le revers de cela, c’est que les œufs et les bébés sont du coup des proies faciles pour les grands pétrels qui rodent dans les environs. 

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Pendant que certains s’activent, 

D’autres pouponnent. Joie de voir nos premiers bébés manchots. 

Nous continuons notre balade de l’autre côté de l’île, territoire des gorfous sauteurs. 

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Ici aussi ça couve, 

Ça se caline

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Et ça imite Léonardo dans titanic.

Nous nous assayons près d’eux et les regardons vivre. Instants précieux où ici encore le temps n’existe plus. On resterait des heures avec eux. Ces instants que l’on vit depuis trois mois, on aimerait tant qu’ils filent moins vite.

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Soudain, notre guide se met à crier : Orcas, orcas !!!! Au loin, près de la baie, nous les voyons. Ils sont 6 au total. Ils sont venus pour les lions de mer. Nous sommes tous ultra existés. Nous l’avons tous tellement espérés cette rencontre avec l’orque. Même, s’ils sont loin, ils sont là. Nous les verrons nager et sauter au loin. 

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Nous rejoignons l’autre côté de l’île pour le pique-nique. Cette traversée se fait sous haute vigilance. Nous traversons la zone de nidification des pétrels et ils ne sont pas commodes. Ils attaquent en piquée. Nous devons donc traverser en mettant les mains au ciel.

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Sympathique pique-nique tous ensemble près des lions de mer et des manchots de Magellan.

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14h, il est l’heure de repartir. Les heures ont défilé sans qu’on s’en rende compte. Dans le bateau, nous aurons la chance de croiser et de suivre quelque temps une baleine et son petit. Elle passera en dessous de nous. Nous verrons son immense queue presque frôler notre embarcation. 

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Derniers jeux d’eau avec nos petits dauphins de Commerson qui nous escortent presque jusqu’à l’embarcadère. Quelle journée parfaite !!!! Se reconnecter à la nature nous apporte tellement de bonheur. 

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Nous reprenons la route vers le sud le lendemain, en direction de Jaramillo, petit pueblo de la province de Santa Cruz qui détient une forêt pétrifiée, datant du Jurassique Supérieur, soit environ 150 millions d’années ! Nous devons parcourir pas moins de 50 km de piste….plutôt en bon état sur la grande majorité mais nous mettrons pas loin de 2 heures 30 pour la parcourir… Très rapidement après être sortis de la Ruta 3, les paysages changent… on quitte la plaine de prairies rases et pelées pour trouver des plateaux volcaniques découpés aux couleurs chatoyantes : rouge, ocre, vert… la végétation est toujours aussi quasi inexistante, mais les reliefs sont magnifiques !

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L’occasion pour nous d’y croiser enfin nos premiers Maras, appelés aussi lièvres de Patagonie.

Quand nous atteignons enfin le site, classé Monument Naturel, nous sommes tout seuls, … Le garde nature prend le temps de nous expliquer en détail, l’hypothèse la plus probable de la présence de cette forêt pétrifiée. Il nous parle des pierres que l’on trouve ici, de la faune et la flore…

Jadis, une forêt luxuriante florissait en Patagonie. On y trouvait de nombreux araucarias mirabilis, pouvant atteindre plus de 40 mètres de haut avec un diamètre moyen de 1,10 mètres. Ces arbres pouvaient vivre plus de 1000 ans. Le climat du Jurassique était plutôt chaud et sans les Andes pour bloquer les nuages, l’humidité du Pacifique arrivait jusque dans ces contrées, créant un environnement propice à la croissance de plantes diverses et variées, et en particulier d’araucarias … Mais bientôt, la tectonique des plaques est venue bouleverser cet équilibre et en même temps que les Andes se formaient un peu plus à l’ouest, de nombreux volcans sont entrés en éruption, générant des vents de plus de 300 km/h venant souffler ces majestueux araucarias comme des châteaux de carte… Là-dessus arrivèrent les nuages de cendres volcaniques qui recouvrirent tout sur le passage pour ne laisser qu’un paysage désolé… mais qui évitèrent ainsi le processus naturel de décomposition de ces araucarias… Plus tard, en s’infiltrant dans le sol, l’eau de pluie s’est chargée de minéraux rencontrés dans les cendres volcaniques, et en particulier de la silice, qui finit par pénétrer dans toutes les cellules des arbres couchés et y cristalliser, les « pétrifiant » ainsi ! Ce phénomène peut donc être appelé indifféremment « pétrification » ou « silicification » !
A travers les âges, de nouvelles couches de sédiments se déposeront sur nos fameux arbres pétrifiés, les enfonçant chaque fois un peu plus profond… Puis l’érosion naturelle faisant son office, les arbres d’un autre temps se sont de nouveau retrouvés à l’air libre, mais pétrifiés cette fois ci !

Nous suivons le petit sentier de 2km qui serpente au milieu de ces troncs, impressionnants par leur taille et leur diamètre, mais aussi par les détails des nœuds et de l’écorce qui donnent l’impression d’être devant des arbres tout justes tombés à terre.

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Nous croiserons le chemin de quelques habitants…..

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Clément et Lisa trouvent de magnifiques pierres sur le chemin, parfois avec du quartz, mais le ranger nous a prévenu, il est interdit de ramasser les pierres et nous serons fouillés à la sortie.

De retour de notre excursion, nous retrouvons une partie des amis voyageurs dans un camping. Lisa en profite pour tester la jolie balançoire du jardin.

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7 réflexions au sujet de « De Comodoro Rivadavia à la forêt pétrifiée »

  1. Coucou les voyageurs. … quelle joie un lundi matin de decouvrir un nouvel article sur le blog…. on démarre bien la semaine! Les rencontres et decouvertes de la faune et de la flore se succèdent chaque jour et semblent vous rendre un peu plus vivants a chaque fois. C est vraiment la connexion a la nature qui nous fait ressentir cela. Ca me fait cet effet lorsque je me balade en forêt ! Certes la faune est moins visible et moins exotique ! Mais il faut se rejouir de tous les ptits bonheurs! C est chouette également que vous puissiez vous suivre et vous retrouver régulièrement avec vos compagnons de route. La complicité des 3 loulous est rejouissante j adore la photo ou ils sont tous les 3 a tendre leurs bras vers le ciel main dans la main. Bonne continuation mes ptits amours de bric broc…. il faut vite qu on se retrouve en video whatapps car ca me manque de ne pas vous voir. Dimanche matin petit coup de nostalgie en écoutant Moustaki au ptit dejeuner…ca m a rappelé nos matinées en famille a 5, rue du Montceau. Je vous embrasse. Tatie lilice

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  2. Coucou les Loulous.
    C’est merveilleux ce voyage que nous faisons avec vous. Vous nous donnez à découvrir des pays fabuleux. Toutes ces belles rencontres que vous faites ou avec les autochtones ou avec des familles en voyage comme vous sont source d’enrichissement.
    On vous envie mais nous sommes très heureux pour vous. Et nous savons que vous l’êtes aussi… Ça se voit sur les photos.
    C’est une très belle aventure pour vous tous et un grand épanouissement pour les enfants. Que de beaux souvenirs ils auront en tête …et tant d’émotions à partager !!!
    Nous vous souhaitons une autre belle découverte : celle d’Ushuaia.
    Plein de gros bisous de Papou et Mamoune qui vous aiment très fort.

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  3. Coucou les Loulous voyageurs.
    C’est merveilleux ce voyage que nous faisons avec vous. Vous nous donnez à découvrir des pays fabuleux.
    Toutes ces belles rencontres que vous faites ou avec les autochtones ou avec des familles en voyage comme vous sont source d’enrichissement.
    On vous envie mais nous sommes très heureux pour vous. Et nous savons que vous l’êtes aussi : cela se voit sur les photos.
    C’est une très belle aventure pour vous tous et un grand épanouissement pour les enfants.
    Que de beaux souvenirs ils auront en tête et tant d’émotions à partager !!!…
    Nous vous souhaitons une autre belle découverte : celle d’Ushuaia.
    Plein de gros bisous de Papou et Mamoune qui vous aiment très fort.

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  4. Grâce à vous, j’apprends plein de noms d’animaux pour enrichir mon vocabulaire. D’habitude, c’est moi qui apprends à mes jeunes des noms d’animaux :). Merci pour le partage de vos aventures. Il m’est arrivé de vous envier un peu bien sûr, mais moi aussi je suis heureuse que ce tour en camping-car vous rende heureux et je suis sûre que cette expérience formidable vous donnera des connexions neuronales tout-à-fait exceptionnelles. Je vous embrasse tous bien fort, (de très gros bisous de ma part aux enfants, dites-leur que je pense bien à eux!) Manola

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