De Quilmes à Salta

Fabuleuse ruta 40 qui nous mène vers le nord. Encore une fois,  un véritable plaisir des yeux. Cependant, plus les kilomètres défilent, plus le temps se couvre. Un rideau de nuages balaie subitement l’azur du ciel. La pluie menace. Les premières gouttes tombent. Très vite la pluie s’intensifie et refroidit l’atmosphère. On respire un peu mieux. Ca tonne, des éclairs zèbrent le ciel et le vent se met à tournoyer comme un cheval fou.

On perd 20 degrés au réveil le lendemain matin. Le ciel est encore chargé de lourds nuages de pluie quand on reprend la route mais des éclaircies semblent vouloir gagner du terrain. Au détour d’un virage, des pierres éboulées jonchent la route. Sûrement le résultat  des fortes intempéries de la veille.  Avec Clément, on s’attaque courageusement au dégagement de la chaussée. On reste vigilant car par deux fois des petites pierres ont glissé sur l’asphalte devant nous. La terre détrempée semble avoir du mal à les retenir.

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On passe mais le sort s’acharne. « Quand ça veut pas, ça veut pas ! » comme dirait Philippe. Au loin, la route semble traversée par une rivière. De chaque côté, des voitures à l’arrêt attendent patiemment la décrue. Les locaux nous disent avec philosophie que dans 2 heures, le niveau devrait avoir baissé.

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Nous attendrons finalement sagement pendant 5 heures que le niveau baisse. En Amérique du Sud, on apprend la patience. On en profite pour faire la pause repas et regarder le ballet des divers véhicules aventureux qui se lancent après 2 heures, avec succès, à l’assaut de la rivière. Pour notre Rainbow qui est plus bas, le niveau d’eau est encore trop haut.

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Une cour de récréation au bord puis dans le lit de la rivière s’improvise pour les enfants qui reviendront ravis mais bien crottés de cette partie « rivière éphémère ».

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Après notre traversée bien négociée par Rainbow et une nuit plutôt calme dans un hameau, nous avalons le lendemain les derniers kilomètres restants avant de faire une petite plongée dans l’histoire. C’est en milieu d’après midi que nous arrivons à Quilmes, haut lieu de la résistance indienne lors de la conquête espagnole. On y rejoint Edwige et Guillaume, un couple et leurs trois enfants qui nous avaient contactés en décembre pour qu’on se rencontre. Encore une fois la magie de la communauté des voyageurs au long cours opère. On ne se connaît pas mais pendant près de 48 heures, on sera ensemble pour les visites et les  repas pour la plus grande joie de nos deux loulous et aussi pour la notre.

La visite commence par un musée très instructif qui retrace, notamment au travers d’un film émouvant, l’histoire des Quilmes (également nommés Indiens Diaguita). On y découvre comment ce peuple fier et courageux, a résisté de nombreuses années aux différents envahisseurs : D’abord aux Incas, avec lesquels ils finirent par vivre en paix pendant une cinquantaine d’années suite à de nombreux conflits, puis aux conquistadors espagnols. Les Diaguitas leur résistèrent près de 130 ans avant de se soumettre. En guise de représailles, les derniers résistants (environ 2 milliers de Quilmes) furent déportés à pieds , en 1667, jusqu’à la ville de Buenos Aires (distante de plus de 1500 kilomètres) afin de participer à la construction de cette dernière. De nombreux diaguitas  périrent en chemin, et les quelques centaines de survivants furent installés en périphérie de la capitale, dans une ville qui porte actuellement le nom de Quilmes, et dans laquelle est brassée la plus célèbre bière d’Argentine, la Quilmes ! Aujourd’hui, il ne reste plus aucun descendant de ces indiens diaguitas dans la ville de Quilmes. Les quelques Quilmes ayant pu échapper à la déportation se sont installés dans les alentours de l’ancien pueblo et tentent de faire revivre aujourd’hui les traditions de leurs ancêtres.
Ce sont les descendants des quilmes qui exploitent à ce jour l’ancienne cité et  proposent des visites guidées des ruines.
Lors de cette dernière, notre guide nous explique que la partie restaurée qui se visite représente uniquement 10 % de la superficie du site originel où vivaient les 7 à 8000 habitants, le reste étant désormais envahi par la végétation notamment les fameux cardones, ces cactus immenses qui peuvent mesurer jusqu’à 10m de haut.

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Les ruines permettent cependant de se rendre compte de la structure de la cité qui devait exister auparavant.

Le village, érigé à flanc de colline, au sein d’un amphithéatre naturel permettaient le repli en toute sécurité des habitants, un atout de taille dans la résistance à l’envahisseur. De chaque côté du village étaient érigées des tours de guet pour surveiller les éventuels assaillants.
La guide nous explique qu’il existait un système de caste chez les Quilmes. Les maisons les plus basses étaient celles du peuple et plus on monte dans la colline, plus on s’élève dans la hiérarchie.

Du haut des ruines, vue imprenable sur la vallée et sur la structure labyrinthique de la cité.

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Clément et Arthur se plaisent énormément dans ce dédale de vieilles pierres et bientôt leur imagination se met en marche. Le temps d’une visite, ils font partie de cette courageuse tribu.

 

Le temps passe vite. Le jour décline. Nous décidons de rester dormir avec Edwige et Guillaume à proximité du musée. Un repas commun s’improvise. Les enfants sont aux anges. On passe une très bonne soirée et on ne se couche pas très tôt.

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Avant de rejoindre Cafayate et ses vignobles, nous faisons un détour par la petite ville de montagne de Tafi del Valle. Le temps n’est toujours pas au beau fixe mais on ne va pas se plaindre, il ne pleut pas. On s’engage avec nos nouveaux amis sur une petite route de montagne sinueuse. 70 kilomètres  séparent la Ruta 40 de Tafi. Nous passons un col à plus de 3000 mètres d’altitude en serpentant à travers la puna argentine dont nous ne verrons rien! La vitesse de croisière est plutôt lente : On évolue à tâtons dans une véritable purée de pois et la route asphaltée très endommagée est envahie par de nombreux animaux en liberté : ânes, vaches, chèvres, … Nous les voyons souvent au dernier moments et certains ne bougent même pas d’un pouce à notre approche !

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Notre séjour à Tafi, au bord du Dique La Angostura (dique = lac artificiel) sera frais et pluvieux. Au programme manteaux  et submarinos (chocolats chauds).

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Nous irons quand même nous dégourdir les jambes près du lac lors d’une partie de géocache à laquelle Guillaume et Edwige nous initient.

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Puis Visite ludique des menhirs del Tafi : Les enfants ont pour mission de retrouver parmi les 130 monolithes disséminés dans le parc, les gravures pris en photo dans le prospectus explicatif.

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Dernier repas pleins de surprises avec Edwige et Guillaume  qui nous dévoilerons tour à tour , tels des vendeurs imbattables du télé achat, leur touffe, leur four palestinien et leur chauffage dernier cri. Bonne partie de rires pour cette dernière soirée.

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Après un au revoir pas très matinal, nous rattrapons tranquillement la Ruta 40 en y voyant un peu plus clair. Le temps est plus dégagé.

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La Ruta 40 progresse désormais au milieu de la Vallée Calchaquíes.  Les plaines arides laissent place à une terre de vignobles. Pas de doute, nous arrivons bien en région viticole ! Les Bodégas sont légions dans la région et certaines semblent très classes.

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La ville de Cafayate, plutôt petite (moins de 15 000 habitants) est très agréable. La place principale, ou plaza San Martin, très arborée, se prête agréablement au farniente, et les bars et restaurants qui l’entourent offrent de multiples tentations. Nous succombons aux empanadas de la « casa del empanada » Les meilleurs que l’on ai mangés depuis notre arrivée en Amérique du Sud.

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Nous poursuivons notre route par la visite d’une jolie bodega implantée au pied des montagnes cafayataises, au milieu des vignes et des cactus.

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Après la visite des installations

place à la dégustation.

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Nous ne coupons pas au grand classique de la région, le Torrontes, un cépage d’origine espagnole mais désormais uniquement cultivé en Argentine, et qui produit un vin blanc sec très aromatique… ni au grand classique argentin, le Malbec, très tannique… puis nous gouterons d’autres cépages que nous ne connaissions pas et qui donnent des vins plus légers, proches des Bourgognes : le Tannat …

Et hop ! 3 bouteilles de vin pour boire avec les copains.

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Cette fois-ci, nous quittons la Ruta 40 pour emprunter la Ruta 68 qui traverse, au nord de Cafayate, la Quebrada de las Conchas, enchaînement grandiose de falaises et autres dunes de grès aux couleurs très variées, allant de l’ocre au brun profond en passant par de multiples dégradés de rouge…

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Cette partie de route va nous extasier plus d’une fois surtout que nous la prenons avec les rayons de fin de journée qui font ressortir les tonalités de la roche.

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Des formes naturelles spectaculaires sculptées au fil du temps et des éléments se dressent régulièrement devant nous. Les noms sont évocateurs. Nous nous arrêtons pour découvrir Los castillos (les châteaux),

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El Obelisco

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El Fraile
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Las ventanas

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Tres Cruces
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L’anfiteatro,

mais aussi la Garganta del Diablo.

Une fois n’est pas coutume, nous trouvons encore une fois notre spot à la nuit tombée. Seule une vingtaine de kilomètres nous sépare désormais de Salta.

2 réflexions au sujet de « De Quilmes à Salta »

  1. Coucou la familia! Ma soeur t es sacrement douée pour ecrire en details et nous faire voyager! Ton mini retard dans les articles est tout pardonné! J ai encore pris tellement de plaisir a vous lire j ai rigolė j avais envie de faire voir vos photos a mes voisins de train et leur raconter vos aventures j adore!…. on a envie de partager quand on est heureux ! Mon clément, ma ptite force de la nature…. bravo pour avoir dégagé les grosses pierres de la route!! Ce n etait pas une mince affaire! Mais grace a toi rainbow a poursuivi son chemin! …. jusqu a ce sacré barrage. Félicitations encore mon francky pour voir traversé la rivière avec succès !
    Sinon….dis donc ….je vous y prends les ptits gnomes a gouter le vin a votre âge ! Pris en flagrant délit ! Et toi ma soeur tu te mets a gouter le vin??? Quel changement!
    Magnifique ruta 68! Une merveille je ne me lasse pas de voir les photos…. celles a la tombée de la nuit sont incroyables! Il faudra envisager une expo photo sérieusement! Je me demandais si vous connaissiez le nom de cette belle plante jaune orangée perdue au milieu de la nature?😉
    Bon j arrive a gare de lyon…. l article suivant sera pour le trajet retour. Gros gros bisous. Tatie lilice.

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