La variété impressionnante de paysages de l’Equateur offre une biodiversité riche et diverse. Malheureusement, cette abondance est bien souvent synonyme de trafics d’animaux en tous genres.
Situé aux portes de l’Amazonie, près de la ville de Puyo (à l’est de l’Equateur), le refuge Paseo de Los Monos est un des nombreux centres à recueillir des animaux – majoritairement des singes – issus de maltraitance, de domestication (animaux attachés ou confinés dans des espaces très exigus), de braconnage ou d’abandon.
Le refuge prend soin de ces animaux fragilisés tout en permettant aux voyageurs de pouvoir offrir de leur temps pour un éco-volontariat. Pour les gens qui disposent de peu de temps, il est également possible de simplement visiter le centre afin de prendre connaissance des différentes espèces sauvées contre une petite contribution.
Nous arrivons au Paseo de los Monos à la tombée de la nuit, et nous allons y rester trois jours !
Un petit papy adorable et très souriant nous accueille sur son parking à 1 dollar par jour, c’est parfait. Nous partons ensuite directement nous présenter à Yvan, le propriétaire des lieux. Le petit sentier qui mène du parking à sa maison serpente au milieu d’une végétation dense et luxuriante qui entremèle ses branches tout autour de nous. On ne distingue pas le ciel. La lampe torche est à ce moment indispensable. Quelques yeux brillent derrière des grilles à la lumière des lampes.
Nous arrivons à la maison des propriétaires. Yvan, Suisse francophone installé en Equateur depuis plusieurs années discute sur la terrasse avec un groupe de volontaires. Cigarette à la bouche, la cinquantaine, il nous accueille chaleureusement avec un grand sourire.
Nous discutons avec lui et les volontaires présents et nous sommes immédiatement conviés à partagés le repas avec eux. Ils fêtent le départ d’un des volontaires. Nous faisons la connaissance de Lisette la femme d’Yvan qui se déplace partout avec un bébé singe laineux accroché à elle. Elle lui sert de mère de substitution car malheureusement sa mère à été tué pour sa viande.
Nous sommes une vingtaine autour de la table sans compter les autres bébés singes curieux qui s’incrustent sur nos têtes et nos épaules sans prévenir.
Yvan nous explique qu’il s’est installé ici il y a une quinzaine d’années en achetant un terrain pour 25 000 dollars, ce qui permet d’obtenir un visa à vie en Equateur. Il élevait à l’époque quelques volailles, proposait des balades à cheval jusqu’à ce que des locaux commencent à lui confier des singes, puis des serpents.
La loi ne permettant pas de faire côtoyer animaux sauvages et d’élevage, il a fait le choix des premiers et au fil du temps le Paseo de los Monos est né.
Sans budget, l’idée de proposer des visites payantes s’est imposée, ce qui vaut aujourd’hui au paseo la qualification de zoo alors qu’il s’agit bel et bien d’un refuge. Yvan s’appuie aussi sur le bénévolat de qui aime les animaux. Il peut héberger et nourrir une quinzaine de bénévoles contre 130 dollars par semaine.
Clément et Lisa sont heureux de pouvoir papouiller tous ces bébés.
Nous partons nous coucher à minuit et demi, la fête continue après notre départ. La nuit sera courte puisqu’à 3 heures du matin, le camping-car se met à se secouer comme un prunier. Interrogation puis effroi. Il nous faut une minute pour réaliser que la terre tremble. Pendant un peu plus de trois minutes, une angoisse saisissante nous étreint. Que fait on ? On n’a pas l’habitude des séismes. On nous avait dit à Santiago de s’éloigner des arbres et des habitations. Seulement dehors il fait nuit, on est au milieu de la jungle donc des arbres. Vaut il mieux sortir ou rester dans le camping-car ?Les minutes paraissent des heures. Puis sans prévenir les secousses s’arrêtent. On ne dormira presque pas du reste de la nuit sûrement par crainte de nouvelles répliques. Seuls les enfants que rien ne perturbent continueront à dormir d’un sommeil de plomb. Insouciance enfantine, pourquoi nous as tu quittée ?
Le lendemain matin, le réveil est difficile d’autant plus que les enfants sont super excités d’aller voir les animaux. Au cours de notre passage matinal, nous sommes accueillis par quelques saimiris curieux de notre arrivée. Ils nous sautent sur les épaules sans prévenir. On profite.
Nous patientons sur la terrasse. Les volontaires ont du mal à émerger. Apparemment, ceux qui ont ressentis la secousse dans l’étage ont été vraiment éprouvés.
Margot une des employées réveillée la première nous emmène dans les allées du refuge pour nous faire visiter les lieux et nous présenter les différents résidents. Plus d’une centaine d’animaux (dont plus de la moitié sont des singes) coulent des jours tranquilles au sein de vastes parcs en plein coeur de la jungle.
Les enclos spacieux et forts d’une végétation dense répartissent les différentes espèces, même si quelques fois certaines cohabitent. La présence ingénieuse de tunnels entre divers enclos permettent aux animaux de multiplier l’espace. Certains singes ont même l’opportunité de venir par ces tunnels jusque sur la terrasse.
D’autres animaux que les saimiris sont également en totale liberté. C’est le cas des malicieux coatis qui s’invitent souvent sur les genoux et qui adorent fureter partout. Malheureusement la grande majorité des animaux ayant perdus leurs instincts naturels ne pourront jamais retrouver leur liberté.
Parmi les individus résidents au Paseo de los Monos, cinq espèces de singes sont présentes: les singes laineux, les saimiris, les singes araignées, les singes capucins et les tamarins. On trouve aussi des perroquets, des coatis, des tortues, un margay et un ocelot ( félins), des serpents, des pécaris, des poissons et des kinkajous. Chaque animal possède sa propre histoire et certaines sont vraiment tristes à entendre comme celle de cette femelle singe laineux qui a grandit au fond d’un garage dans une cage et dont les muscles se sont tellement attrophiés que ces membres en sont encore marqués malgré les années passées. S’il est trop long d’énumérer la présence de chacun au refuge, la raison principale de la présence de tous ces animaux est en tout cas toujours due à l’être humain.
Singe laineux
Saimiris
marguay
Les singes araignées (à droite le bébé)
La visite achevée, nous voilà pris dans le quotidien du refuge pendant 3 jours.
Tous les matins, nos journées démarrent par la préparation et la distribution de la nourriture pour les animaux.
Tout d’abord, désinfection et découpe des fruits
puis répartition dans les différentes gamelles
Nous les déposons dans les différents enclos
S’ensuivent également des missions diverses et variées selon les besoins du centre (nettoyer les enclos, entretenir les allées, créer des jouets pour les animaux, nourrir et câliner les bébés animaux ( ce qu’on a préféré.)
Franck découvrira la joie des travaux de terrassement
Nous reprenons la route après 3 jours passés au milieu des animaux. Un peu dur de quitter certains pensionnaires….