Nous roulons tranquillement en direction de l’océan pacifique.
Passés Cali, nous faisons un arrêt plaisir chez un couple argentino-colombien charmant qui a la chance de voir évoluer dans son jardin une grande variété de colibris.
Nous passons près de deux heures entre les fleurs à observer ces petits bolides et à les écouter bourdonner près de nos oreilles.
Plusieurs espèces sont présentes
le colibri double queue à pompons (colibri cola de raqueta)
Le colibri à longue queue (colibri sylfo colivioleta)
Le colibri miniature à pattes pompons (colibri chillon)
Le colibri à gorge violette colibri ninfa morada)
Le colibri gorge blanche (colibri collartja)
et encore d’autres espèces
Ces oiseaux-mouches sont vraiment spectaculaires et on ne se lasse pas de les regarder s’activer. Leurs ailes battent à une vitesse folle, en moyenne entre 50 et 60 fois par seconde. Pour suivre ce rythme effréné , leur cœur surdimensionné bat jusqu’à 1200 fois à la minute. Cette impressionnante mécanique est avant tout au service de leur vol : 48km/h en moyenne. Certains colibris atteignent même 90km/h en conditions favorables. Proportionnellement à sa taille de 10cm, il est donc plus rapide qu’un avion à réaction. C’est la grande classe pour une si petite chose.
Dans le jardin d’autres espèces d’oiseaux sont également visibles
Nous reprenons la route en direction de San Cipriano, un petit village à quelques encablures du port de Buenaventura sur la côte pacifique.
Pour se rendre au village, situé au cœur d’une forêt subtropicale, il faut s’enfoncer pendant 6 km dans la végétation luxuriante sur une voie ferrée désaffectée.
Et qui emprunte cette fois ferrée ? Un train me diriez – vous ? Et bien non, il s’agit d’un moyen de transport unique en son genre, surnommé la brujita (sorcière). La brujita est une planche de bois montée sur 4 roulements, sur laquelle on pose un ou plusieurs bancs. Pour la faire avancer, on fixe une moto sur le côté droit de la plateforme. La roue arrière est posée sur l’essieu arrière droit et le rail. En mettant les gaz, la roue arrière de la moto entraîne l’essieu et donc la plateforme sur les rails ! Sensations garanties !

brujita en provenance de san Cipriano

convoi de bruitas en provenance de San cipriano

en attente du départ
Ce moyen de transport de fortune a été inventé par les habitants de San Cipriano pour pallier à la disparition du train. Lorsque L’Etat décide de fermer la ligne de chemin de fer, ils se retrouvent coupés du monde puisqu’aucun axe routier ne rejoint leur village. Comment rejoindre alors la route depuis le village ? C’est de là qu’est née la brujitas.
Nous voilà donc embarqués tous les 4 sur cet étrange engin, pas très rassurés. C’est que ça va vite en plus. Sous nos fesses on sent les essieux qui s’entrechoquent contre les rails. On traverse des rivières sur des vieux ponts auxquels ils manquent parfois quelques planches. On croise quelques habitations en bois plus que sommaires aux abords des rails, des chiens, des poules. Ca tourne à droite, ca tourne à gauche. On voulait de l’aventure, on y est !!! Les enfants en redemandent…. Et nous aussi.

traversée des ponts

Habitations sur le chemin

habitations sur le chemin
La brujita décélère soudain fortement. On s’arrête en pleine voie. Que se passe t’il ? Une brujita chargée de marchandises nous fait face. On a évité de peu la collision, non ? Bon, ca n’a pas l’air de les stresser plus que ça. Comme il n’y a qu’une voie de chemin de fer, lorsque deux brujitas se croisent, la règle veut que celle qui est la moins chargée cède le passage. La brujita qui nous fait face est donc rapidement enlevée de la voie, et en moins de deux, c’est reparti sur les chapeaux de roue! Après 20 minutes de trajet en pleine jungle, sous la chaleur moite, nous débarquons à San Cipriano.
C’est une autre Colombie que nous découvrons dans ce lieu reculé. Les peaux sont noires, il y a peu de métissage. Cette partie du pays est habitée par les « afro-descendants », comme on les nomme ici. Ce sont des descendants d’esclaves, amenés d’Afrique en Colombie pour la main d’oeuvre. Ils ne sont jamais repartis « au pays ». Ils se sont installés, en communautés, entre autre sur la côte pacifique dans la zone du choco et dans ce coin très isolé. Les habitants semblent vivre, ici, dans un dénuement plus important. Même s’ils représentent 10% de la population colombienne, cette partie de la Colombie demeure la zone délaissée du pays. Les habitants, oubliés par le gouvernement se débrouillent comme ils peuvent pour survivre. Ici, on vivote entre autre grâce au tourisme. Même si ce village n’est pas du tout adapté au tourisme de masse, il compte tout de même quelques hospedajes et quelques restaurants construits avec de la taule et de la brique pour accueillir de façon sommaire les touristes désireux de rester quelques jours, notamment les caleños (habitants de Cali) qui viennent profiter de la rivière le week-end.
Ce lieu nous plait. On déambule tranquillement au cœur de la vie du village, le long de l’unique artère , loin de tous les artifices de la ville. Le temps semble prendre son temps dans cette contrée reculée. Les gens ont le sourire et le rire facile. La musique bat son rythme dans les rues. De jeunes hommes se disputent une partie de cartes dans un des bars du village. Deux femmes coiffent avec patience les cheveux de leurs filles en y incrustant de nombreuses perles tandis que de jeunes bambins jouent dans la rue au milieu des chiens et des poules avec des bouteilles vides et des bouts de ficelles. Tranches de vie simples, sans fioriture…
San Cipriano ce n’est pas que ce petit village, c’est aussi et avant tout une magnifique réserve naturelle dans la luxuriante jungle de la côte Pacifique, traversée par une rivière aux eaux limpides. Cette rivière, c’est ce qui attire les touristes. Les habitants ont rapidement perçus le côté lucratif de la chose. Ils se sont mis à louer en nombre des chambres-à-air pour dévaler la rivière. On se laisse tenter et on passe un super moment en famille. Quelques petits rapides viennent donner un peu de rythme à notre parcours mais sinon la descente est douce. On a tout le temps qu’il faut pour admirer les grands arbres, le long de notre périple.
Après quelques descentes, on s’offre une petite baignade. L’eau est ici d’une rare pureté. On peut s’enfoncer jusqu’à la taille que l’on voit toujours nos pieds. Des centaines de petits poissons viennent régulièrement nous chatouiller les orteils, ça effraie un peu Lili, ça amuse Clément. On est tellement bien, l’impression d’être seuls au monde dans ce jardin d’Eden. Profitons !!!! Encore un souvenir précieux à graver dans notre disque dur mémoriel. Surtout ne pas oublier !
Rencontres sur les galets avec des grosses fourmis et des araignées pescador
De retour au motorail, nous patientons. On nous avait dit que le dernier départ était à 18h. On s’est pressé pour rien, on embarquera qu’à 18h30. Ici l’heure est très approximative et le temps se détend… alors on s’occupe comme on peut
Malheureusement, pendant l’attente, je me fais légèrement mordiller la main par un chien. Une pointe de sang. Mince ! La rage? De retour au camping-car, nous retrouvons nos amis les Tiselfs. Sophie dont le cerveau carbure toujours à 100000 à l’heure passe un coup de fil et hop ! de connaissance en connaissance, me voici en ligne avec une infectologue colombienne. Le discours est plus que rassurant. Pas de cas de rage par les chiens depuis quelques années et le comportement de mon molosse rassure la spécialiste. Les locaux à qui on parle du risque de rage nous dévisagent également avec de grosses billes rondes : « Pas de rage ici ! »
Après avoir palabré avec les copains un bon moment à la lueur des étoiles, nous partons nous coucher sereins. C’était sans compter sur mon cerveau qui s’est mis à psychoter à 2h du matin. Crise d’angoisse. Le fameux et si….. Du coup, on décide de se joindre aux Tiselfs le lendemain pour tenter de retrouver le chien et son propriétaire. Et un ptit tour de motorail de gagner !!

la tiself team
Malheureusement, le chien est bien là mais il n’est à personne. Je le filme un peu, ça pourrait servir. Tant pis on va profiter de la journée, on avisera plus tard.
Aux alentours du village, plusieurs sentiers s’enfoncent dans la jungle. L’un d’eux débouche sur une piscine naturelle alimentée par une petite cascade. Un grand gaillard sympathique nous propose de nous servir de guide jusque là-bas. Bien nous en a pris d’accepter. On se serait sûrement perdus. Nous évoluons dans des chemins étroits au milieu d’une végétation bien dense. Parfois nous traversons le lit de la rivière ou nous le remontons. Into the wild, c’est nous !!!
Ca y est la cascade !! L’eau est claire et il fait chaud, difficile de résister ! En deux secondes, tout le monde est à l’eau.… Seulement pas pour longtemps. De gros nuages bien gris commencent à libérer leur excès d’eau. On se rhabille rapidement. Le guide perche à nouveau Lisa sur ses épaules et on reprend au pas de course le chemin du retour. Faut pas trainer si on veut pouvoir faire a nouveau quelques descentes en bouée.
De retour à la rivière, le temps s’apaise. Nous ne traînons pas et enchaînons quelques descentes en bouée. Super moment détente avec les copains. Avec la chaleur de la jungle, l’eau fraiche est un immense bonheur.
17h 30, Il est temps de partir et de laisser en paix les eaux cristallines de la réserve. Au revoir, joli paradis perdu ! et merci pour ces bons moments.

double plateforme

retour a 8
Nous nous séparons momentanément des Tiselfs car pour nous la prochaine étape c’est le centre de salut de Buenaventura. On veut s’assurer qu’il n’y a pas eu de cas de rage dans la région depuis ces dernières années.
Nous empruntons le seul accès routier goudronné qui mène à la côte et au plus grand port de Colombie, Buenaventura. Le reste de la côte pacifique colombienne est une vaste étendue sauvage, seules quelques plages sont exploitées, le reste du rivage est couvert d’une forêt dense et infranchissable.
Buenaventura, si on avait eu le choix, on ne s’y serait pas arrêter. Ce port, aux mains de bandes criminelles, il n’y fait pas bon y séjourner surtout en camping-car. Les trafics en tout genre y vont bon train et la guérilla n’est jamais très loin ! Nous ne chercherons pas à visiter la ville. Nous filons tout droit au centre de salut. Sur le chemin, nous croisons de nombreux immeubles décrépis, des maisons de guingois faites en bois, tôles, bâches et cartons. A Buenaventura, on vit dans des conditions difficiles souvent de petits boulots précaires… La manne commerciale du port est loin de profiter à tous.
Le centre de salut est à l’image de la ville, triste et délabré. Les gens s’entassent où ils peuvent dans les couloirs fatigués du centre. La misère humaine transpire ici aussi. L’intimité n’existe pas. On nous fait entrer dans une salle ou une femme fait son échographie. Le médecin ne nous inspire pas vraiment confiance. On lui raconte tant bien que mal ma mésaventure. Par deux fois il nous dévisagera de son air bougon et fermé avant de nous tendre son ordonnance sans même nous parler. 1h30 plus tard, sans m’informer, on m’injecte une première dose de vaccin anti rabbique. J’aurai 3 autres injections à faire plus tard. On quitte Buenaventura mi-figue mi-raisin mais l’esprit moins inquiet.
Quelles aventures !!! Quels paysages !!! Le toutou vous a fait une belle frayeur. Les colibris sont tous plus beaux les uns que les autres. On en prend plein les yeux, je n’ose imaginer en vrai. Profitez bien les amis !!! Plein de gros bisous des Mouga
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Into the Wild… telle est l’expression adéquat! Excellente cette moto locomotive….à la vue de vos cheveux hirsutes…. je devine assez bien la vitesse de cette plateforme roulante! Mon cœur se serait fortement accroché moi qui a du mal à supporter maintenant la moindre petite sensation forte! L’activite des bouées a bien du plaire aux petits et plus grands… on imagine bien le clapotis de l’eau et la dérive paisible du donnut géant…. bons moments partagés en famille….. et oui oui grosse bête.. imprimez en caractères de feu tous ces instants inoubliables et réconfortants pour vous ressourcer à votre retour…. mais la vie est belle malgré tout en France …. il faut juste changé l’angle de la caméra de temps en temps…. le bonheur est là où l’on veut bien le chercher! Je vous aime fort et à très bientôt!
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