Nous voici de retour au Chili. Heureux de rejoindre cette terre de volcans, cette terre où les « risques de catastrophes naturelles » font parties de la vie des chiliens. Ici, on ne recense pas moins de 2800 volcans dans la région, dont 60 en activité au Chili. Cette zone volcanique est la conséquence de la plaque océanique de Nazca qui glisse sous la plaque continentale sud-américaine. Depuis notre entrée dans ce pays, nous avons régulièrement croisé ça et là des panneaux de prévention pour les éruptions volcaniques et ceux indiquant, surtout près des zones côtières, les zones de refuge en cas de tsunami. Les « terremoto » tremblements de terre font aussi partie de la vie chilienne même s’ils sont moins fréquents, la plupart du temps, les chiliens ont à faire à des temblors (beaucoup moins puissants). Les terremoto peuvent être dévastateurs. En 2010, l’un d’eux de magnitude 8,8 sur l’échelle de Richter a détruit des bâtiments à plus de 100 kms autour de l’épicentre. Ce tremblement a d’ailleurs provoqué un tsunami de grande ampleur. L’Etat chilien, désormais plus vigilant a développé de nouveaux outils de suivi (pour être plus rapide au moment de l’évacuation de la population) et de prévention (pour mieux informer les populations sur la connaissance du risque et des attitudes à adopter). Les zones vers lesquelles se réfugier en cas de tsunamis sont identifiées par des panneaux dans quasiment toutes les villes côtières.
Je ne sais pas si tous ces panneaux nous rassurent mais il est clair que les paysages du Chili ne nous ont pour l’instant jamais déçus et nous sommes même souvent sans voix devant toute cette beauté alors le plaisir d’être de retour est là.
Après nos provisions de produits frais dans la fruteria/verduria du coin, on se désaltère au bar du coin en commandant nos habituels jugos naturales (jus de fruit frais). Un délice qui ravit nos papilles.
Vue magnifique sur le volcan fumant Villarica sous un beau ciel bleu.
Le volcan Villarica est l’un des volcans les plus actifs du Chili. Ses éruptions sont fréquentes même si elles n’ont pas lieu chaque année et qu’elles ne sont pas toujours meurtrières. La dernière remonte à 2015, le volcan a craché de la lave à 3 km de haut. Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées en prévention mais finalement l’éruption a été très brève et n’a fait aucune victime.
Nous approchons de la ville de Pucon. Ce coin est réputé pour ses thermes nombreuses dans les environs. Il en existe environ 14 aux alentours de Pucón, plus ou moins chères mais aussi plus ou moins naturelles. Nous avons donc opté pour une petite session relaxation dans un bon bain chaud. Nous rejoignons les thermes « los Pozones » en fin d’après-midi. Très jolies et en plein air, ces thermes ont été creusées à même la roche dans un bel écrin de verdure. Plusieurs bassins se succèdent le long de la rivière allant du plus froid (32 degrés) au plus chaud (40 degrés) avec toujours la possibilité de piquer une tête dans la rivière en cas de coup de chaleur. Il n’y a pas trop de monde, nous serons même les seuls touristes au milieu des locaux. Nous passerons de bassins en bassins avec les vananous jusqu’à ce que les étoiles illuminent le ciel. Un instant parfait comme on les aime.
Nous passerons la nuit dans l’espèce de pré/ parking situé au-dessus des thermes. Le gérant des thermes a donné son autorisation. Ils sont sympas ces chiliens, on a même accès à des toilettes et à un robinet d’eau. Nickel pour faire une petite lessive à la main le lendemain matin.
Flemmardant au soleil, avec en plus des enfants peu prolifiques pour les devoirs, ce n’est que tardivement que nous rejoignons le parque Nacional Huerquehue pour notre randonnée de la journée. Ce parc au relief montagneux de 12500ha présente des forêts de conifères tempérées dont le légendaire Araucaria. Il héberge le volcan Villarrica et ses collines et ravins encerclent de nombreux lacs d’eau cristalline comme les Lagos Chico, Verde, Toro, Tinquilco.
A notre arrivée, le parking est noir de monde, sans doute victime de son succès. Nous jouons un peu les pleureuses auprès du guadaparque qui voulait initialement que l’on se gare un kilomètre plus loin. On est trop gros paraît-il. Eh oui, monsieur le guadaparque, avec les enfants chaque kilomètre en moins est important en randonnée.
Peu de temps après le début de notre excursion sur le sendero los lagos, nous croisons les Artéromands avec qui nous nous mettons d’accord sur le spot de ce soir.
On ne traine pas trop car il n’est pas très tôt. La montée du début est assez abrupte pour les petites jambes avec parfois des marches réalisées avec des planches en bois, le tout en plein milieu d’une végétation de nothofagus, chusquea (bambou du Chili), Araucaria et de gunnera (rhubarbe géante du Chili). Heureusement, la balade est à l’ombre.
Cette randonnée nous amène donc en 5 heures de marche à découvrir 4 lacs de la Région dont le “Lago Chico” et le “Lago Verde”.
Pause goûter devant le “Lago Verde”. On en profite pour admirer des lézards colorés qui bronzent avec nonchalance aux abords du lac.
Nous finissons la randonnée à 20h30. Juste le temps de doucher et de donner à manger aux enfants fourbus qui pourront commencer à dormir dans leur lit le temps que l’on rejoigne notre bivouac du soir (avantage certain du camping-car).
Le lendemain, nous disons un au revoir momentané aux copains car nous devons trouver une société de gaz qui accepte de remplir notre bouteille française ou argentine. On a fait le choix de ne pas acheter de bouteille de gaz au Chili pour limiter des frais en plus mais la plupart des sociétés chiliennes refusent de remplir nos bouteilles françaises ou argentines car soit elles n’ont pas les adaptateurs, soit elle ne veulent tout simplement pas s’embêter. Nous partons donc en direction de la Capitale de l’Araucanie, Temuco, Franck ayant trouvé trois pistes possibles.
En chemin, nous repérons une sorte de petite boutique de produits régionaux recommandée par trip advisor (pour nous une valeur sûre). Nous y achetons du fromage goutu, première fois au Chili, du vrai pain noir et une tarte framboise/myrtille qui nous faisait de l’œil. Un vrai festin, on se régale. Presque un p’tit goût de France.
Nous traversons la ville de Pucon et celle de Villarica située au bord du lac Villarica. Ces deux stations balnéaires sont bondées de touristes qui se font dorer la pilule en cette saison. Comme nous cherchons à fuir les foules ces derniers temps, nous ne ferons donc que traverser ces Bariloche chiliens même si ces villes n’ont pas l’air moches du tout et doivent être très sympas hors périodes de vacances scolaires.
Notre recherche de gaz à Temuco se soldera par un échec dans les trois endroits repérés. Espérons que nous aurons assez de gaz jusqu’à notre retour en Argentine.
Direction le parc Nacional Conguillo.
Le Parc National Conguillío est issu d’un savant cocktail chilien alliant volcan actif, lacs, neige et flore endémique. Ici les araucarias millénaires cohabitent avec des lacs et des amas de basalte et partout, un drôle de sol noir. Le paysage de ce parc est double et surprenant. D’un côté, s’épanouit la forêt millénaire du Parc National Conguillío d’où on a de grande chance de ne pas de finir ensevelis sous une coulée pyroclastique si le volcan entre en éruption et l’autre partie du parc, qui offre un paysage totalement dépouillé , fruit des éruptions régulières du Lliama, où la par contre il faut fuir en cas d’éruption.
La vedette de ce Parc est sans aucun doute le volcan Llaima (3125 m de haut), qui régit par son volcanisme actif une bonne partie de la vie des lieux. Le Llaima est l’un des volcans les plus actifs d’Amérique du Sud, sa dernière éruption date de 2008. Il est d’ailleurs surveillé de près. Impossible de l’ignorer : Plusieurs panneaux croisés sur les routes du parc informent que l’on entre ou sort d’une zone de danger d’éruption, et indiquent la marche à suivre en cas de réveil du géant.
Notre arrivée au bivouac est assez épique. L’accès nord du parc est parfois très pentu et la route étroite. Autant dire que les croisements de véhicules sont plus que rocambolesques. Heureusement il est 20h30 et la plupart des véhicules ont déjà pris le chemin du retour. Le bivouac est situé face au grand lac Conguillío et son rivage de sable noir. Les vananous sont déjà là. Nous nous installons à l’ombre des arbres, à proximité de tables de pique-nique. Le ciel étoilé est sublime ici. Il faut dire qu’ on est bien loin des plus proches habitations.
Après une journée détente et plage pour les enfants, nous faisons la randonnée la plus connue du parc, la “Sierra Nevada“. Il s’agit d’une ascension relativement accessible qui offre une vue imprenable sur le Volcan Llaima et son lac homonyne. La montée se fait tranquillement abrités du soleil et plutôt au frais, à travers une végétation dense d’Araucarias mais aussi de micro-bambous, de “coihues” (les hêtres du Chili) et de champs de fleurs orangées … Idéal pour une rando quoi.
Ici encore il y a ces sortes de lichens verts amandes « la Barba de viejo » qui s’accrochent sur beaucoup d’arbres au Chili. On surprend parfois au détour du sentier de jolis lézards de couleurs vert et bleu turquoise qui traversent devant nous.
Sur la dernière partie du chemin, la végétation se raréfie, les arbres s’éclaircissent soudainement alors que le sol disparaît au profit de la roche. Le soleil tape dur. Heureusement le vent est de la partie et nous évite de nous liquéfier sur place.
Sur la crête, la forêt s’étend de chaque côté sous nos pieds comme la mer au pied d’une falaise. Le vent souffle sans obstacles, ça ravive chez Lisa les peurs du sauvage vent patagon.
Moment d’excitation quand surgissant de nulle part, un condor s’est mis à planer à proximité de nous.
Nous faisons un petit crochet pour aller toucher une étroite bande de neige. C’était la carotte pour faire avancer les enfants. L’eau a creusé la glace par endroit et on peut passer la tête dans une sorte petite cavité. Clément, notre explorateur intrépide avait très envie de partir visiter cette grotte qui pourrait servir de refuge à des hommes préhistoriques, des animaux féroces ou des martiens mais ses parents casse-pieds l’ont encore bassiné avec leurs règles de sécurité.
La vue du mirador sur le volcan Llaima et le lac Conguillío est grandiose. Sur les hauteurs on peut apercevoir des glaciers. L’instant est parfait pour se faire une pause sandwich. Juste magnifique ! On savoure ce moment avant de faire demi-tour.
Arrive le jour tant attendu par les enfants. L’expédition Kayak avec les copains. Le temps est splendide et comme nous partons en matinée, nous évitons la forte chaleur. Au fil de l’eau et de la force de nos bras, nous navigons paisiblement sur le lac Conguillo jusqu’à deux cascades. Nils et Clément ont même fait un bout de navigation ensemble. Bel apprentissage, pas toujours aisé, de coordination.
Le lendemain, après avoir passé un peu de temps avec les madilous et les artéromands qui viennent d’arriver, nous allons profiter de l’autre vedette du parc, l’araucaria. Sa silhouette en parapluie se reconnaît facilement de loin, perchée le long des crêtes, dominant les bois. Nous ferons cette balade de 40 minutes uniquement avec Lisa. Notre pré ado commence déjà à nous snober, préférant rester construire un fort sur la plage avec les copains. Dès le début de la balade, nous sommes entourés d’arbres millénaires au tronc énorme.
L’araucaria le plus ancien du Parc National Conguillío surnommé l’araucaria madre est un spécimen haut de plus de 50 m et vieux de 1800 ans. Il y a quelque chose d’émouvant à voir cet énorme tronc, si ancien comparé à notre durée de vie …
Sur le chemin du retour, nous entendons un bruit prometteur, on dirait le picorement d’un pic. On se déplace lentement, sans faire de bruit et soudain on l’aperçoit. Il s’agit d’un pic de Magellan (carpintero negro), l’espèce de pivert noir à tête rouge déjà aperçu en terre de feu. Il picore le tronc de l’arbre avec frénésie, sans doute à la recherche de larves dissimulées sous l’écorce. Victime de la déforestation, il est en voie d’extinction et donc protégé d’autant plus qu’il joue un rôle important dans l’écosystème du parc.
De retour au bivouac, nous décidons de nous organiser un petit repas entre adultes dans la seule petite brasserie du parc située juste à côté du lac et donc de nos camping-car. L’idée est de coucher les enfants et de se retrouver vers 21H. Les enfants mettront du temps à s’endormir, d’ailleurs on ne saura pas à quelle heure Clément s’est endormi. Cela ne nous empêchera pas de passer une bonne soirée tous ensemble contents de cette parenthèse entre adultes même si le repas était loin d’être gastronomique.
Nous disons au revoir aux copains car nous allons commencer notre ascension vers Santiago. Cette fois, nous quittons le parc par le sud, au niveau de Truful-Truful. Nous pénétrons à nouveau dans un monde minéral : ça et là, lichen et petites plantes ajoutent un peu de vert à la noirceur de ce paysage volcanique quasi lunaire par endroit.
Toute dernière balade avant la sortie du parc.
Nous avons passé en tout quatre jours et quatre nuits dans le Parc National Conguillío. Nous sommes litéralement tombés sous le charme de cet endroit. Nous avons sans aucun doute été envoûté par sa beauté et par l’impressionnante diversité de ces paysages pittoresques.
En chemin pour la capitale, nous faisons une halte pour admirer les saltos de Laja. Le site gratuit est plutôt joli si on enlève la foule, les ordures que les gens jettent n’importe où et le côté fête forraine avec tous ses stands boissons et gadgets. On ne s’attardera pas.
Ça y est, sous une chaleur caniculaire (37 degrés) et sans climatisation, nous approchons de Santiago.
Coucou les copains
Toujours un grand bonheur d avoir de vos nouvelles
Vous rayonnez tous les 4
Plein de bisous 😘
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Superbe superbe superbe comme toujours. Le chili est décidément une destination a ne pas manquer. C est la qu on se rend compte qu on a besoin de presque rien pour être heureux dans ce décor….: des bonnes godasses de marches, une casquette, des lunettes et grosse bouteille d eau. Et marchez jeunesse!!! Les loulous grandissent. Lisou me semble vraiment plus grande.
Je vous fais plein d enormes bisous.
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